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Francis TUZET
Plasticien

Né à Marvejols, France
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Tuzetblanc© photo Francis Tuzet
«Imploration de Sainte Agathe», 70x30x8 cm, os de bœuf, coton

tuzetblanc© photo Francis Tuzet
«Dorsale de ma bien-aimée», 10x7x6 cm, pierre

tuzetblanc© photo Francis Tuzet
«Intouchable», Pierre et crayon graphite


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tuzetblancFrancis TUZETblanc
© photos Francis Tuzet
«Trente mètres de détresse», 50x30x20 cm, plastique
«Porcelaine», 14x14x7 cm, savon, zinc


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L'encre serait de l'ombre
(Philippe Jaccotet «À la lumière d'hiver»)
Francis TUZETblancFrancis TUZETblanc
© photos Francis Tuzet
«Conjuration 1», 100x70 cm, technique mixte sur papier - «Conjuration 2», 100x80 cm, technique mixte sur toile

Francis TUZET Plasticien Sculpteur blanc Francis Tuzet© photos Francis Tuzet
«Le peintre G.T. combattant les larves» & «Jadis, ils sont venus» 20x20 cm Crayon graphite sur papier


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«Collection Invisible»
Il nous est difficile de voir. Pourtant, jour après jour, nous est venue la certitude que les choses existent, que ce monde qui s'offre à nous est chargé de réalité. Mais lorsque nous fermons les yeux un infime doute nous envahit que peut-être alors il n'est plus, que de cette chambre où nous avons usé de tous nos sens, la porte maintenant fermée a effacé jusqu'à la plus insignifiante parcelle de vie.
Ou bien, inversement, de ce visage examiné plus que tout autre dans le miroir, et que nous pensions si bien connaître, le regard d'un autre soudain nous renvoie la plus imprévisible image.
Dans sa nouvelle La collection invisible, Stefan Zweig conte l'histoire d'un collectionneur d'estampes qui, devenu aveugle, continue de croire à l'existence de sa collection disparue et se livre, devant le visiteur médusé, à une description détaillée d'une oeuvre totalement vide. Et Fernando Pessoa, par la voix de Bernardo Soares, énonce cette « intranquille » certitude : « je ne suis personne », « les autres n'existent pas ».
Devrons-nous, pour imiter le philosophe, nous crever les yeux afin de libérer notre esprit et connaître enfin la vérité ? Car devant ces choses qui nous entourent, nous ressentons parfois ce sentiment d'étrangeté qui nous ramène à nous-même, et nous nous rendons compte alors que de ce « hors de nous » il n'est rien sinon ce flot de sensations qui nous traverse et vient nourrir notre déformante mémoire. Monde d'illusions où l'imagination a tissé d'inextricables réseaux de signes, rangé d'incalculables amoncellements d'images, construit d'interminables architectures, telle une impénétrable Babylone. De cette absurde bibliothèque, de ce titanesque musée qu'une vie entière ne suffirait pas à traverser, nulle fenêtre ouvrant sur le paysage, nulle porte annonçant quelque issue. Car le visiteur n'y est à l'écoute que de lui-même, car le lecteur n'y songe plus qu'à ce livre introuvable où se cache la clé de tous les autres livres que jamais il ne lira...
Sur le chemin qui le conduit de la forêt de l'ascèse à la ville des plaisirs, Siddhârta marche et, brusquement, Siddhârta se réveille : il sort de lui-même, il voit le monde. Dans ses plus petites créatures, ce monde est merveilleux ; dans ses instants les plus infimes, ce monde conduit à la plénitude. Siddhârta n'est plus aveugle, ses yeux se sont ouverts. Ce monde n'est plus invisible, il resplendit de lumière, riche de couleurs infinies et de formes innombrables, changeant à chaque instant pour offrir à l'éveillé de nouvelles sources de bonheur. Le fleuve au bord duquel, plus tard, Siddhârta se fera passeur, devient une métaphore du temps : passé, présent et avenir réunis dans la même entité physique de l'eau qui s'écoule sans fin.
Lorsque Nicéphore Niepce inventa la photographie, il ne savait pas que, quelques années plus tard, un étrange enfant aux « semelles de vent » se ferait tirer le portrait à Charleville d'abord, puis à Paris et, plus tard en Abyssinie, et que, à chaque fois, sur l'image, l'étrange enfant n'aurait pas l'air content. Peut-être celui-ci doutait-il, en ces instants, des capacités de cette machine à rendre visible sa figure de poète, à rendre visible la poésie, « personnellement. »
         Francis Tuzet, décembre 2003


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Tentatives du rien
"Cela n'aura jamais de fin. Parce que ce n'est ni tout à fait le vide, ni tout à fait le désert, ni tout à fait le sommeil, ni tout à fait la bouche, ni tout à fait les actes." Bernard Collin, (Les milliers, les millions et le simple) Editions Ivréa

FRANCIS TUZET Série "Rien"blancFRANCIS TUZET Série "Rien"blancFRANCIS TUZET Série "Rien"blancFRANCIS TUZET Série "Rien"blancFRANCIS TUZET Série "Rien"blancFRANCIS TUZET Série "Rien"blanc© photos Francis Tuzet
Série 1 à 6, 60cmx60cm Crayon graphite sur papier


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Francis TUZET Plasticien Sculpteur blancFrancis TUZET Plasticien SculptureblancFrancis TUZET Plasticien Sculpture© photos Francis Tuzet
«Vaine vaniteuse vanité», 8x8x16cm Céramique, or, «Willem et Léa» 30cmx30cm Zinc, verre, poils de chat, «Ils remontent de la terre» 40cmx340cm Zinc, verre, ossements


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Francis TUZET
Tu travailles actuellement sur des oeuvres que tu nommes « ectoplasmes ».
Dans les sciences occultes, les ectoplasmes sont des formes visibles et possédant certaines propriétés physiques, émises parfois par le médium en état de transes. Tu donnes cependant à ce mot un sens plus large : fantôme, apparition, illusion.
 
Pour ces pièces en paraffine, tu fabriques des moules en aluminium, en bois ou en papier huilé dans lesquels tu coules la paraffine fondue. Il s'agit de plusieurs opérations successives avec des moules de formes variées et de dimensions progressives et utilisant des couleurs différentes à chaque étape : sombres d'abord, claires ensuite puis finalement noire. À chaque étape, la forme conçue précédemment est placée dans le nouveau moule et la couleur que tu verses à ce moment-là englobe la précédente dans un phénomène de fusion plus ou moins prononcé suivant la température. Après refroidissement, tu arases la surface avec une lame métallique, opération longue et demandant une intense concentration, tant spirituelle que gestuelle. Bien que les formes aient été conçues très précisément, tu ne sais pas exactement ce que tu vas découvrir tant les phénomènes de fusion et de dispersion des pigments sont aléatoires. En agissant de façon régulière et attentive, tu vois petit à petit apparaître les formes engluées dans la masse et tu peux choisir de t'arrêter au moment où celles-ci te paraissent satisfaisantes.
Tu aimes à retrouver l'aspect lisse et brillant que présentait la paraffine dans son état liquide. La limite n'est pas nette entre les différentes couleurs.
Cette impression de flou suggère cet effet d'apparition-disparition, rappelant l'imprécision des manifestations lors des cérémonies de spiritisme ou de certaines expériences d'hallucination collective. Par cet aspect vibratile, tu arrives à donner à la matière une dimension spirituelle. Par opposition à tes précédentes oeuvres qui s'attachaient à montrer l'invisibilité, voire l'inexistence des choses, il s'agit ici de rendre perceptible ce qui n'est pas du domaine de la réalité mais plutôt de la projection mentale. On peut faire dire ce que l'on veut à ce genre de traces.
Ces pièces possèdent une puissance d'évocation. Tu n'as ni consulté des ouvrages sur les ectoplasmes, ni assisté à des séances de spiritisme, mais tu as simplement vu quelques photographies de ces manifestations physiques.
Dans un domaine assez proche, l'image du Saint suaire conservé à Turin demeure emblématique. Cet effet d'apparition-disparition donne l'impression d'un flash radiographique, d'un coeur qui bat. Les formes internes doubles de certaines pièces évoquent d'ailleurs le rythme de la respiration (...)
(...) On retrouve dans ces travaux toute l'ambiguïté du symbole : c'est une représentation, une évocation en même temps que la manifestation d'une puissance absente. Dans le spiritisme, la chose est là, bien présente. Ce qui te fascine est que le chaman arrive à matérialiser un esprit et à le rendre présent. De même, le rabotage de la paraffine part d'une absence pour rendre, petit à petit, présente une forme...
Tu travailles sur l'illusion, non pas d'un effet d'optique, mais plutôt d'un point de vue, car suivant le point de vue que l'on adopte, on verra ou on ne verra pas.
Si l'on croit aux ectoplasmes, on en verra.
Nous n'avons finalement du monde qu'une vision de ce qui se passe en nous-mêmes et dont nous nous servons pour reconstruire ce que nous ne connaissons pas et qui nous échappe...
Reconstituer, c'est imaginer.
L'illusion touche non seulement l'imaginaire mais aussi le réel lui-même.
         Eric Manguelin, agrégé, docteur en philosophie, Rencontre avec Francis Tuzet, mai 2003

Francis TuzetblancFrancis TuzetblancSoufle par Francis Tuzetblanc© photos Francis Tuzet


Perte et persistance
Par Sylvie Lagnier
Les œuvres de Francis Tuzet témoignent de l’Être dans ses dimensions spirituelles et sensuelles, mais confrontent aussi l’homme à sa propre matérialité en regard de sa vanité,
une dualité qui fait de la condition humaine un drame quotidien. Les thèmes de la destinée humaine – du rêve aux conquêtes et aux échecs, de la découverte au savoir, du rien et du néant à l’idolâtrie et à la croyance – se croisent, se fondent et se figent au sein d’un temps indéterminé. L’œuvre de Francis Tuzet n’est pas narrative, mais elle évoque l’Histoire et convoque la mémoire, celle de l’individu comme celle d’un peuple. La forme, dans le travail de l’artiste, n’est minimale que pour accéder à l’essence même de sa nature, métonymique et analogique. Les références littéraires et cinématographiques, le fait-divers et l’actualité internationale constituent les sources d’un dialogue entre le mythe et la réalité, entre les époques anciennes, en particulier médiévales, et modernes avec lesquelles l’artiste reconsidère la perception tant du récit légendaire que du monde contemporain. Les matériaux que travaille l’artiste, l’or,
la paraffine, le zinc sont à la fois médiums et thèmes. Choisis pour leurs qualités propres, – malléabilité, ductilité, opacité, transparence, brillance – ils lui permettent de dépeindre des passages, des états de transition ou encore des métamorphoses exprimant l’instabilité des formes du monde. En outre, chacun d’entre eux évoque des degrés distincts de l’activité humaine : les enjeux politico-économiques de l’or, l’espoir d’une éternité que matérialisent dans la paraffine l’ex-voto anatomique et la prière, le souhait de la maîtrise de la Création dans les secrets de l’alchimie, que le zinc partage du reste avec l’or, auquel s’ajoutent ses fonctions dans l’habitat. Pourtant, l’absence du corps est notoire, mais la présence
de sa projection autant dans la matière elle-même, que dans
le jeu de l’ombre et la lumière, fait de l’homme une question centrale dans le travail de l’artiste. Choisissant de dépasser
la vie réelle, il mobilise des énigmes et des ambiguïtés pour nous conduire au-delà du visible, identifier ce qui nous rend humain, penser la relation de l’individuel et du collectif :
le signe de l’homme comme acte politique ultime.

Francis TuzetblancFrancis TuzetblancFrancis TuzetblancTuzetblancFrancis TuzetblancFrancis TuzetblancFrancis Tuzetblanc© photos TP & Tuzet

Mori est exemplaire, car elle combine l’intention critique à l’égard de l’avidité humaine et la sensibilité de l’intime. Composée de dix-sept caisses de bois superposées graduellement dans l’espace, elle donne à voir la surface de dix-huit lingots de paraffine contenus dans chacune des six caisses supérieures. Les estampilles à l’or gravées dans la matière laiteuse témoignent des pratiques en usage autant dans le domaine économique que dans celui de l’art. Elles attestent de l’authenticité et dès lors de la valeur de chaque lingot, de sa singularité dans l’ordre de la totalité : des marques uniques, son poids équivalent, à plus ou moins dix grammes, à un kg et son numéro d’ordre ; des indications communes, les initiales FT du nom de l’artiste et l’inscription Mori. L’œuvre évoque ainsi l’importance de l’or dans l’histoire des civilisations. Dès les premières exploitations des mines par l’ancienne Égypte, l’or a non seulement une valeur économique, mais il prend aussi une connotation religieuse, symbolisant le divin. Métal convoité et par ailleurs prisé pour ses qualités esthétiques, il offrait à ceux qui le possédaient, la possibilité de négocier des territoires afin d’élargir son autorité et son pouvoir. Lors des premières expéditions vers le nouveau monde, il est l’une des principales motivations des conquistadors se livrant à de sanglants massacres. L’évangélisation des Indiens mayas fut un prétexte permettant aux colons d’instaurer l’esclavage pour obtenir plus d’or et d’argent, une attitude contre laquelle se heurta Bartolomé de Las Casas en 1545. C’est un engagement que Francis Tuzet évoque aussi à travers le combat mené au cours du XXe siècle par l’écrivain Édouard Glissant, notamment dans ses Mémoires d’un esclavage. Près de cinq siècles plus tard, les hommes massacrent et meurent encore dans leur quête de l’or et c’est cette permanence que l’artiste met en scène. L’ombre, et en particulier celle de la croix, plane sur le métal et terni, sinon sa brillance, du moins les valeurs qu’il véhicule. L’or a partie liée avec la mort, ce que désigne l’inscription Mori. La répétition du terme rythme l’œuvre rappelant que le temps est compté, pesé comme chaque lingot, le tout inscrit dans une durée impliquant la finitude de l’homme. L’origine du memento mori se situerait au cours de l’Antiquité romaine, mais cette pensée s’est surtout développée avec le christianisme et l’essor du genre artistique qui lui est associé soulignant la vanité et la fugacité de la vie terrestre. Le choix de la paraffine est ici d’autant plus explicite que la matière provient des résidus des chandelles votives. Elle exprime le monde temporel dans lequel le corps de chair vit, le monde du changement, le monde du relatif soumis au temps, le monde de l’histoire et du devenir de l’humain. Elle témoigne encore d’un espoir, d’une prière adressée dans le secret de l’intimité à quelque saint ou sainte, des états de conscience et de vécu. De ce point de vue, l’œuvre se fait monument en commémorant en un même objet à la fois l’histoire collective et la mémoire individuelle aussi silencieuse soit-elle. Résister à la mort ou la magnifier, tel est l’enjeu du memento mori. Parmi la foison des sources iconographiques, littéraires et philosophiques abordant cette question, l’artiste se réfère en particulier à Borges. Le memento mori traverse sans doute toute l’œuvre du poète, mais la première nouvelle du recueil L’Aleph, intitulée L’immortel, exprime particulièrement cette énigme du temps humain inscrivant la mort sur fonds d’instants et d’éternité que le jeu des matières dans l’œuvre de Francis Tuzet suggère, entre opacité et transparence, vide et immanence. L’angoisse nous ouvrirait-elle à l’essentiel, accepter sa condition finie, qui peut-être est toute richesse ?
L’homme est emporté par le temps et c’est une banalité que l’écrire, néanmoins, chacun fait l’expérience de moments où le temps se suspend, des moments où l’on s’extrait du rythme de la vie, des passages d’un monde à l’autre que signifie Ex-Voto, une barque en zinc portant un cube en paraffine. Inspirée d’une nouvelle de Serge Brussolo, Trajets et itinéraires de l’oubli, l’œuvre synthétise, dans cette association du métal et de la cire, de la courbe et du cube, le parcours initiatique de la quête de soi qu’évoque le labyrinthe, lieu du mystère dans l’ouvrage de l’écrivain, comme métaphore de la pensée, celle qui permet l’errance, qui donne cours aux fantasmes, aux rêves et aux cauchemars. Celui qui conçoit un tel dispositif le sait fini, celui qui l’éprouve le vit infini.
Le confinement du sujet nous confronte certes à la limite du savoir, mais nous projette en revanche dans le lieu des essences ouvrant la porte sur une forme d’éternité au sein d’une même réalité. L’évocation de l’être humain dans l’œuvre de Francis Tuzet est un retour constant à la présence qu’exprime notamment le dialogue entre le récit mythique – Tristan scrutant la mer dans l’attente du navire qui doit lui ramener Iseut – et les tragédies contemporaines – les fragiles embarcations des Boat People transportant les réfugiés des Trois Nefs par exemple. La matière se fait plus dense.
La cire industrielle, enrichie d’un colorant blanc, ne renferme pas l’intime dans sa substance, c’est une lumière intérieure et non pas un reflet, c’est la lutte à laquelle se livre la matière, dans sa métamorphose, pour faire advenir la forme. Elle est sculpture dans son essence et sa genèse provient du souvenir du moule servant à faire le beurre, premier rapport à une gestuelle artisanale dont l’artiste affirme l’importance en particulier dans les séries Camp et Corpus. Le geste y est manifeste, notamment dans le traitement des plaques de zinc. Travaillant le métal, transformant sa surface, l’artiste réintroduit l’idée du temps, du vieillissement que la matité et les coulures matérialisent. Les volumes, des quadrilatères pour la plupart, insistent eux aussi sur le geste dont ils exhibent les traces de soudure, de pliage et de découpage. En outre, ces séries participent de l’esthétique du caché, – cette dialectique que définit Bachelard entre l’intérieur et l’extérieur –, en jouant du plein et du vide, ici dans le rapport du volume à la fente ou au creux dont le dessin souligne par analogie l’évocation du corps sexué (Corpus) et du corps prisonnier (Camp). Les œuvres de Francis Tuzet ne livrent pas leurs secrets et à l’instar du philosophe, sans doute considère-t-il l’imagination comme une puissance majeure de la nature humaine : chercher à percer le mystère que renferme telle armoire ou tel coffret, c’est produire des images, mais aussi exprimer cette tension tragique qui projette l’intime dans ce qui est pour l’homme sa proximité et dont il ne se saisit jamais, le présent lui-même.
         Sylvie Lagnier, © novembre 2007

« Mori est exemplaire » comme l’explique Sylvie Lagnier, car elle combine l’intention critique à l’égard de l’avidité humaine et la sensibilité de l’intime. Composée de dixsept caisses de bois superposées graduellement dans l’espace, elle donne à voir la surface de dixhuit lingots de paraffine contenus dans chacune des six caisses supérieures. Les estampilles à l’or gravées dans la matière laiteuse témoignent des pratiques en usage autant dans le domaine économique que dans celui de l’art. […]Le choix de la paraffine est ici d’autant plus explicite que la matière provient des résidus des chandelles votives. Elle exprime le monde temporel dans lequel le corps de chair vit, le monde du changement, le monde du relatif soumis au temps, le monde de l’histoire et du devenir de l’humain. […]  novembre 2007

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Les Piles, instalation Francis TuzetblancLes Piles, instalation Francis TuzetblancLes Piles, instalation Francis TuzetblancLes Piles, instalation Francis TuzetblancFrancis TuzetblancFrancis TuzetblancFrancis TuzetblancLeMur Francis Tuzetblanc© Eve Münch & Francis Tuzet
Le mur — Chemin de l’amour et de la mort
Là, je trouvai les pierres et commençai à les extraire. Je travaillais sans but véritable. Parfois seulement je relevais la tête et contemplais le paysage. Il s’étendait dans la vallée, pareil à nul autre, tel que l’avaient franchi jadis pèlerins, moines et convers en route pour l’abbaye. La lumière semblait irréelle. Les bois et les champs s’organisaient avec douceur selon un ordre antique et mystérieux.
Tandis que les pierres s’amoncelaient, mon dos et mes membres commençaient à s’endolorir. Des images de Cézanne me revenaient parfois : les touches minérales, les cailloux du chemin et ceux des chenapans d’Aix. Les plus gros blocs étaient rangés à l’écart, les plus petits accumulés en réserve. Ainsi apparut la première pile, lourdement ancrée au sol et s’élançant pourtant vers le ciel.
La chose était là dans toute son absurdité. Des mois durant les mêmes gestes se répétèrent, les mêmes douleurs paralysèrent mon corps. La vie semblait perdue, le bonheur enfui à jamais. Peu à peu cependant, dans le silence du travail solitaire, la tendresse et la sérénité s’emparaient de mon âme. C’est ainsi que lentement, comme en réponse à ce défi au ciel, la pensée du mur me gagna.
Siège, abri, escalier, chaque élément était un espace pour le corps et pour la rêverie. Des figures familières (Lao Tseu, Milarépa) et d’autres inattendues (Gorgone, Onan) apparaissaient au fil du temps et celle, emblématique, des amants, structurait l’ensemble par sa position centrale…
Francis Tuzet « Comment j’ai construit le mur » 2010 Schlouganda éditions


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«Le livre sans fin» Francis TUZET Plasticien Sculptureblanc«Le livre sans fin» Francis TUZET Plasticien Sculptureblanc© photos Francis Tuzet
«Le livre sans fin», 14x18 cm, livre et acrylique

Francis TUZET Plasticien SculptureblancFrancis TUZET Plasticien Sculptureblanc
© photos Francis Tuzet
«Tentative d'effacement» 15x15 cm Photographie Numérique, «Bave à la poupe» 5cmx5cm Photographie Numérique

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Mori Par Francis Tuzetblanc© Dia TP
L'Or et l'Ombre, en Résonance avec la Biennale d'Art Contemporain, Galerie Trait Personnel, Lyon

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Collection publique
Hotel de Ville, Lyon

Publications
Aymerick Ramilison, Francis Tuzet — À la frange du conceptuel — par Eric Manguefin, édifions Jean-Pierre Huguet
J. Barry, F. Tuzet, G. Jacquemard, A. Gaume — Légèreté, Suspension — par Eric Manguelin, éditions Jean-Pierre Huguet


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