et alors

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Jean-Philippe AUBANEL
PLasticien

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blanc
© photos TP Jean-Philippe Aubanel

Né en 1953 à Lyon, vit et travaille à Villefranche-sur-Saône

...Un totalitarisme aux petits pieds s'est infiltré partout, la modernité ambiante et le sirop de bons sentiments qui l'accompagnent lui offre un abri sûr, nous laissant pour seule planche de salut de demeurer - ce que le Grec nommait : kpitikôs - apte à juger.
À ce titre, l'oeuvre et l'artiste se confondent chez Aubanel, selon les deux versants que prend la signification :
L'oeuvre est critique au sens où, en médecine, on parle du jour critique dans une maladie, jour qui décidera de la suite. L'oeuvre, chez Aubanel, se maintient toujours dans ce suspens critique où elle trouve, de façon étonnante et cependant certaine, son équilibre.
L'homme, lui, veille, ô combien, à demeurer critique, à ne pas perdre - l'art de juger.
« Un regard non formulé. L'état qui précède la chose, la voie non pas de l'achèvement, mais celle qui va à son commencement. Aux abords de ce qui n'est pas encore. C'est dans cet asile incessible que nous figurerons. » (René char)
« Les poids morts ont bougé, mais les enfants n'ont pas grandi. Rien n'est à recommencer. » (René char)
Salut l'artiste !
Continus à inachever tes chevaux, ainsi ils accompliront leur course.
         Roger d'Orazio

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Jean-Philippe AubanelblancJean-Philippe AubanelblancJean-Philippe AubanelblancJean-Philippe AubanelblancJean-Philippe AubanelblancJean-Philippe AubanelblancJean-Philippe AubanelblancJean-Philippe AubanelblancJean-Philippe AUBANELblancJean-Philippe AUBANELblancJean-Philippe AUBANEL© photos DR Jean-Philippe Aubanel

Ironie et gravité
Jean-Philippe Aubanel, né en 1953, peint depuis 1973. Son travail, nourrit d'influences majeures comme Matisse, Gauguin, et Jorn s'impose dès la fin des années 70 dans un éclatement de formes et de couleurs empreint d'une énergie rare. Ses sujets d'alors : "paradis", "poulaillers", "pêcheur" sont directement inspirés de ses voyages en Afrique du Nord, USA, Hollande. La représentation de la figure humaine est également un thème récurrent dans la production de Jean-Philippe Aubanel ; d'abord abordé, avec une apparente ironie, dans la série des "Ginette" et "Bébert" des années 80, l'humain devient le siège d'émotions contradictoires quand, dans les décennies suivantes, les "Ginette" deviennent "Ophélie", que les "portraits" deviennent "masques" et que les "masques" révèlent les crânes des "vanités" d'aujourd'hui. Cette dernière série témoigne de la maturité d'une œuvre où le visage apparent de notre fin nous est révélé dans toute l'étendue du vocabulaire propre à l'artiste : plages de couleurs violentes, surfaces goudronnées vernies, masquées, grattées etgriffées.
Une œuvre en perpétuel équilibre, entre ironie et gravité, entre lumière et ombre, construite comme une métaphore de l'humain et de sa destinée.

« Le monde pictural de Jean-Philippe Aubanel, son réservoir à images, c'est avant tout des tas de souvenirs d'enfance, de voyages que se mêlent à des passions comme celle qu'il éprouve pour l'art primitif. De cette profusion d'images naîtra le tableau. Toutefois, il importe de savoir que les personnages, les objets représentés servent un même désir : peindre, et sont des prétextes, voire des supports dont l'artiste use pour faire éclater les couleurs, mettre en place les formes. Aubanel a gardé de l'enfance le goût du jeu et du combat, chaque toile est une lutte mais aussi un plaisir ludique ; lutte parce qu'il s'agit d'exprimer picturalement ce que l'on ressent au plus profond de soi, jeu car c'est une aventure pleine de surprises. […]» Service culturel Villeurbanne


Une vie sur le Nil
Purple Haze – Yello Sunshine – Les galettes versions Lysergiques – Le noir de Louis Ferdinand – Léo et les autres – Poser un visage dans le cercle – Fin des soixante-dix, fin du rock Sex P... Il neige sur les pyramides.
         Aubanel (texte mélange 2004-1984-1979)

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Jean-Philippe Aubanelblanc© DR Jean-Philippe Aubanel
Collections publiques
         Villeurbanne/Lyon, IAC-Collection F.R.A.C. Rhône-Alpes
         Ville de Villeurbanne, Hôtel de Ville
         Paris, fondation Cartier
         Lyon, musée des Beaux-Arts, dépôt du FNAC
         Genève, fonds cantonal d'Art contemporain
         Villefranche-sur-Saône, musée Paul Dini


Collections particulières
         Lyon, Genève, Paris, Varangéville-sur-Mer


Filmographie (sélection)
         Lettres de Madra, film 1986
         L'ombre étroite, film 1988
         Bébert en ville, vidéo 1984
         Valse, vidéo 1983
         Le clebs, vidéo 1984
         Portrait d'Aubanel, vidéo 1986


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À table avec Jean-Philippe Aubanel
« Il ne faut pas tant regarder ce que l’on mange que celui avec lequel on mange » (Épicure)

    Du goût, du goût, toujours du goût. Et des couleurs ! Jean-Philippe Aubanel, l’un des peintres lyonnais les plus remarquables, prône l’insurrection et l’exaltation. L’univers poétique de sa cuisine, à l’identique de sa peinture, est peuplé d’êtres, de symboles et de planètes. Son « menu d’humeur » se veut un hommage aux Canuts croix-roussiens qui, par deux fois en novembre 1831 et avril 1834, se sont insurgés contre leurs conditions de travail (« vivre libre en travaillant ou mourir en combattant ») et à l’anarchiste Bakounine qui le 28 septembre 1870 à Lyon, proclame la Fédération révolutionnaire des communes.
    Sans oublier la salade d’Émile Pouget, théoricien du sabotage et « qui ne racontait pas que des salades ». Clin d’œil du peintre « à notre bonne vieille ville de Lyon ». Pour Aubanel, la cuisine doit être un acte porteur de sens, sans d’ailleurs forcément suivre des règles : « d’aucuns se plantent : l’anarchie n’est pas l’absence d’organisation mais d’autorité ». Au programme : les producteurs bios du marché d’Écully («il y a du pognon mais des gens sympas »). Carottes, mâche, oignons, échalotes, betteraves rouges de chez « la Jeanne » Boyer, dont le mari aimerait que le peintre-marmiton jette un œil à ses dessins… « Ils regardent la lune pour faire pousser leurs légumes. Au moins, leurs légumes ont le goût de ce qu’ils sont ». Flûte bio, fromages blancs bios, poires bios. Seuls les calmars n’ont pas l’étiquette. On s’offre un petit apéro sur le pouce… « Merde, le pinache ! ».
    L’heure tourne. « Merde, le pinache, il faut qu’on y aille ! ».
Direction le caviste. « Il nous faudrait un blanc un peu sec avec une légère touche d’acidité » demande Aubanel, en fin connaisseur. Ce sera un chardonnay du Bugey. Jeune mais prometteur.
    12 h 30. Arrivée dans la cuisine de Catherine Ergin qui tient la galerie Solo (place Gailleton, 2e), chez laquelle le déjeuner a lieu. De l’Aubanel de partout. Musique classique en fond musical. « C’est sûr que ce n’est pas du Iggy Pop ! » sourit le maître queux. De l’huile d’olive, les carottes coupées éclatées (« une anti-julienne »), les échalotes. Le riz, ensuite, déglacé au vin blanc et qu’on arrose d’un bouillon au miso. « Le risotto est une recette d’évaporation. C’est contradictoire puisque tous les sucs restent concentrés dans le riz ». Les calmars sont coupés en lamelles puis saisis à feu fort. Deux fois. Ô enchantement ! « Mon père était poissonnier, ma grand-mère vénitienne… C’est une culture la cuisine mais n’exagérez pas quand même ». Et une poire pochée au safran, sa fameuse « poire Guignol », car « que tu votes blanc ou que tu votes noir, t’es toujours la poire ». Les couleurs, encore une fois. Et les goûts, toujours : « Car il faut de la diversité dans les mets pour satisfaire la complexité des goûts ». À bon entendeur…
    Par Guillaume Lamy
LA RECETTE
1 — 3 gros calmars, 250 grammes de riz pour risotto, échalotes, oignons, safran, miso, vin blanc.
2 — Faites revenir dans une cocotte de l’huile d’olive, les carottes coupées, les échalotes, les oignons.
3 — Ajoutez le riz (Arborio, Carnaroli ou Vialone).
4 — Déglacez au vin blanc puis, lentement, ajoutez les louches de bouillon de miso.
5 — Laissez cuire à feu doux et couvert jusqu’à ce que les grains de riz s’en imprègnent tout en libérant de l’amidon pour arriver à un mélange crémeux et légèrement croquant.
6 — Ajoutez les lamelles de calmars que vous aurez saisis à feu fort, deux fois.
7 — Parsemez de parmesan.

Jean-Philippe AubanelblancJean-Philippe Aubanel© photos TP Jean-Philippe Aubanel


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Les couleurs de la baleine blanche

Accueillir une exposition de Jean-Philippe Aubanel, c'est se laisser aller au bonheur gourmand d'une belle promesse de radicalité et de transgression, toute à la fois ingénue, feinte, fraiche et résolue. Jean-Philippe Aubanel n'est pas ce que Samuel Beckett appellerait un abstracteur de quintessence... Son travail d'expérimentateur se déploie dans les marges de l'abstraction et du réalisme sous les faux habits d'une posture mal léchée, tournée vers un art populaire et un immense plaisir du jeu. C'est un pisteur qui explore un pandémonium de forces obscures et de congrégations colorées en ouvrant des voies sinueuses dans une matière intense. Il y a dans son oeuvre des masques, des divinités païennes, un bestiaire halluciné à la manière COBRA et les semblances humaines de l'autre qui nous trouble.
Aubanel jardine ce qui pousse dans un avant du langage, au milieu du buisson de sensations confuses par lesquelles nous venons littéralement au monde. Ce qui se saisit avant l'intervention du mot quand l'objet ou la figure ouvre un ensemble de possibilités instables, quand tremble la main du peintre pour dire l'incertitude d'une naissance. C'est le moment rare où l'art devient, comme l'écrit Henry Maldiney, la perfection des formes inexactes. Le domicile de l'artiste est ce magasin d'images fait de toutes les impressions, du dedans et du dehors, que le sujet reçoit du monde comme un enfant.
Une peinture de sensation première prise dans le langage, voilà le paradoxe d'une oeuvre où le trait d'esprit ouvre des espaces de liberté et de jubilation. Un univers pictural d'une souriante étrangeté nous glisse dans un univers hypertexte de signes, de références et de notations qui composent une chorégraphie allègre conjurant la possibilité d'un drame. Une peinture parlée par un langage déjà là avec une jonglerie de mots et de lambeaux d'images qui entrent en carnaval sous les masques des figures de rêves. L'imaginaire ainsi mis en scène par Aubanel ressemble à une dérive des mots et des formes, tracée pour parcourir un univers poétique comme un terrain de jeu immense et inachevé à l'échelle de son oeuvre. L'art cultive ici l'instabilité et la polysémie. Se joue de l'interprétation. Le coloriste étale les jus, griffe, superpose les fonds, marie la cire et les pigments, souligne et estompe. Il détourne et laisse divaguer. Pose un titre comme on pose une clé de voute. Enfin, par le détournement à la manière situationniste, il engage le spectateur dans des sens imprévus, un éclat de rire ou une soudaine gravité comme un ange qui passe.
Entre mouvement et immobilité, le travail d'Aubanel combine les états de la matière et du monde, invite aux abandons, joue avec les limites du visible, tisse les dessous avec les dessus, combine les formes et les textures. C'est une peinture du temps comme un memento mori. C'est aussi une peinture du désir qui ne sait pas ce qu'il désire et qui échappe. Un désir de baleine blanche.
Christian Sozzi - Mai 2019 - Galerie B+

















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