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La Biennale de Venise 2007
52ème Biennale d'Art Contemporain

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Après consultation du comité d’experts — Yves Aupetillot (directeur, le Magasin, Grenoble), Caroline Bourgeois (commissaire d'exposition, Paris), Fabrice Bousteau (rédacteur en chef, « Beaux Arts magazine »), Robert Fleck (directeur, Deichtorhallen, Hambourg), Olivier Kaeppelin (Délégué aux Arts Plastiques), Christine Macel (conservateur, Musée National d'Art Moderne de Paris), Olivier Poivre d’Arvor (directeur de l’AFAA), Dirk Snauwaert (directeur artistique, Wiels, Belgique), Alexis Vaillant (commissaire d'exposition)— et en concertation avec le Délégué aux Arts Plastiques, le directeur de l’AFAA a choisi de proposer Sophie Calle comme artiste pour le Pavillon français de la Biennale internationale d’art contemporain de Venise en 2007.
L'artiste Daniel Buren est le commissaire associé de Sophie Calle à la Biennale de Venise 2007, qui avait "passé une annonce dans divers supports de presse français et étrangers" pour recruter son commissaire associé afin de "l'accompagner dans la réalisation du pavillon français". Choisi, "parmi plus de 200 réponses à cette annonce insolite, dans l'esprit même de son travail", ajoute le communiqué. Sophie Calle, représenta la France à la 52e Biennale internationale d'art contemporain de Venise en 2007. Culturesfrance, qui assure le commissariat général du pavillon français, oeuvre pour la diffusion de la culture française à l'étranger.

SOPHIE CALLE
Née en 1953 à Paris, Sophie Calle est écrivain, artiste conceptuelle, photographe, cinéaste ou même détective.
Elle est sans doute un peu de chaque selon les personnages qu'elle interprète, les rituels qu'elle imagine, les morceaux de sa vie qu'elle raconte et les sentiments qu'elle fait partager. L'artiste exploite fréquemment la méthode de l'enquête et son oeuvre consiste le plus souvent en l'association de la photographie et de l'écrit.
Sophie Calle invente ses propres règles du jeu jeux afin d'« améliorer la vie », lui donnant ainsi une structure.
Pour son premier projet, en 1979, elle décide de suivre, à son insu, un inconnu qui l'entraîne à Venise. "Suite vénitienne" est le résultat de cette filature.
Pour une grande partie des oeuvres, ce n'est que dans un second temps qu'elle les fait pénétrer dans la sphère de l'art. Ses installations sont l'aboutissement et le prolongement de situations mises en scène et vécues sur un mode autobiographique.
En 2004, le Centre Pompidou lui a consacré une exposition d'envergure d'oeuvres nouvelles inédites et aussi d'anciens travaux. Ensuite, l'exposition "M'as-tu vue" a été reprise par le Ludwig-Forum (Aachen, Allemagne), Martin-Gropius-Bau (Berlin, Allemagne) et le Irish Museum of Modern Art (Dublin, Irlande).

Artiste Sophie CalleblancArtiste Sophie CalleblancArtiste Sophie Calle© photos DR

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Sophie Calle au pavillon Français
«Prenez soin de vous»

Par Fabienne Berthomieu-Ponthus

On commence par un hall d'entrée sombre, avec une porte majestueuse dissimulée sous de lourdes tentures de velours rouge. En face, des photos de femmes, toutes en train de lire un texte écrit sur une simple feuille A4. Sur le côté, discret,
le préambule de Sophie Calle : elle explique qu'elle a reçu
une lettre de rupture par mail. Cette lettre se terminait par la phrase « Prenez soin de vous ». Elle dit que c'est exactement ce qu'elle a fait. Pour faire un pied de nez au destin, à sa peine, à l'homme, elle a décidé d'envoyer cette lettre à une centaine de femmes, toutes expertes dans leur branche.
Et toutes les branches sont là : mère de famille, graphologue, conseillère en bonnes manières, élève de cm2, commissaire de police, écrivain de romans sentimentaux… Toutes, elles ont répondu à Sophie Calle. Toutes, elles ont analysé la lettre selon leur spécialité. Et le résultat est croustillant.

L'œil se porte en premier lieu sur des analyses techniques
de la lettre : sa transcription en braille, en morse, en sténodactylographie… Il ne sera pas dit que quelqu'un ou quelqu'une ne puisse la lire. Puis viennent les analyses techniques : relevé et analyse des temps verbaux du texte (l'auteur utilise une majorité de verbes à l'infinitif : le non-temps, tirez-en les conclusions…), de la ponctuation (longues phrases hachées dénotant une certaine précipitation),
de la syntaxe, avec ses relevés d'erreurs, de maladresses
et de décrochages de vocabulaire qui sont autant d'indices sur la personnalité de cet homme qui commence à se dessiner. D'autres panneaux nous font voyager : quelqu'un
a recherché les références littéraires dans la lettre, et il s'avère que de nombreux classiques sont subtilement abordés dans l'intertextualité… Tout cela est assez savant, voire pointu, mais Sophie Calle a voulu passer par ces étapes pour analyser, décortiquer la lettre, comme pour en faire un objet d'étude et non un mail de rupture des plus banals.
Les pièces et couloirs suivants proposent les réponses aux femmes diverses et variées à qui Sophie Calle a envoyé ce mail. En vrac, sans ordre ni classement apparent, si ce n'est l'alphabétique, le visiteur s'attarde sur les missives.
Un petit regret : il faudrait de longues heures pour tout lire, tout comprendre et tout savourer à sa juste mesure. À la biennale, on n'en a pas le temps, et pas forcément le désir. Cette découverte augure de nombreuses visites plus tardives, que ce soit dans le livre que l'artiste a fait paraître, ou par Internet, puisque le séjour à Venise ne dure que 4 jours… Néanmoins, en une heure trente, l'esprit de l'œuvre est saisi : les réponses sont travaillées, drôles, tendres, colériques, agacées, scientifiques, faussement sérieuses, ironiques, méthodiques… Il y a de tout, et il y en a pour tous les goûts. En vrac : la réponse de l'élève de cm2 qui, appliquée et sérieuse, relate ce qu'elle a compris dans une studieuse paraphrase, qui devient piquante lorsqu'on s'intéresse à l'apparition exponentielle des fautes d'orthographe au fur et à mesure que le texte avance. Une réponse d'une mère de famille, qui adopte immédiatement Sophie Calle comme sa fille, et qui l'entoure de sollicitude, de compréhension, et d'une touche bien sentie de féminisme de celle à qui les hommes ne la font plus. Un compte rendu raide et officiel d'une commissaire de police qui dresse le portrait psychologique du tueur d'amour par quelques phrases assassines et bien senties. Une lettre mielleuse et fielleuse d'une spécialiste des bonnes manières qui relève malicieusement toutes les fautes de goût contenues dans le style de ce mail de rupture, et qui en profite pour glisser des parenthèses personnelles dans son analyse, dans lesquelles l'homme en prend pour son grade. Une graphiste envoie en guise de réponse la lettre pliée en forme de cocotte en papier, deux romancières de romans sentimentaux créent pour l'occasion un remake glamour de l'histoire réinventée de ce couple qui se sépare, une tireuse de cartes dresse une analyse terrible des faiblesses et failles de l'homme que l'on se surprend alors à plaindre grandement… Bref, un voyage dans des textes la plupart du temps drôles et émouvants. D'ailleurs, il n'y a qu'à regarder les visages des visiteurs du pavillon français : ils sont hilares, concentrés, interloqués.
Mais les textes ne sont pas les seules réponses. Sophie Calle a également envoyé son mail à des artistes de musique, de danse, de cinéma, de théâtre, de cirque… Et chacune d'elle lui a envoyé sa réponse personnalisée. On peut alors admirer une actrice mettant en scène la lecture du mail, dans son lit, et la valse des sentiments qui tournoient sur son visage au fur et à mesure de l'avancée de sa lecture. Une danseuse indienne danse ces sentiments, et sa chorégraphie raconte l'histoire de son début jusqu'à sa fin. Un clown crée un numéro comique mais tragique toujours sur la même trame de rupture, une tragédienne déclame, tel le coryphée grec, les souffrances toujours intemporelles des histoires d'amour tragiques. Et une musicienne joue au piano la musique spécialement créée de la rupture, une chanteuse la chante, une mime la mime… Tous ces petits films d'environ cinq à dix minutes appellent le visiteur à s'asseoir et à prendre part à cette forme de catharsis qu'est le spectacle.
Plus loin, avec des écrans vidéo et des casques audio, on peut écouter les analyses vocales de celles qui parlent plutôt qu'elles n'écrivent. Ces spécialistes des mots sont des psychologues, conseillères conjugales, politiciennes... Leurs discours se déroulent plus intimement au visiteur qui a choisi de s'asseoir et de les écouter, une à une, en rendez-vous privé.
Le visiteur a fait le tour du pavillon français. Il en sort repu, plein d'idées, avec pour certains des projets, qu'ils soient professionnels ou personnels. Pour ceux qui maîtrisent le français, ce Prenez soin de vous est un délice, une sucrerie sucrée et amère, car il reflète la vie, sa banalité et ses richesses, avec tous les sentiments et sensations qui y sont associés. Dans tous les cas, j'ignore si Sophie Calle a pris soin d'elle en créant son œuvre, mais je sais qu'elle a pris soin de ses visiteurs avec cette exposition remarquable.
Fabienne Berthomieu-Ponthus, Août 2007

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Et sur une carte postale, un autre point de vue :
« Le pavillon français de Sophie Calle et Buren c’est quand même très narcissique : on y trouve Jeanne Moreau, Diams,
et Lacan... et surtout le chagrin d’amour de Sophie Calle.
Fait-on de l’art avec un e-mail de rupture ? »

Françoise Lespinasse, août 2007


© Vernissage TV
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Sophie Calle - «Prenez soin de vous» (Pavillon Français)

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«Prenez soin de vous» de Sophie Calleblanc© Acte sud
Découvrez l'ouvrage «Prenez soin de vous» de Sophie Calle
réalisé pour le pavillon Français de la 52e Biennale d'art contemporain à Venise
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L'année 2007 marqua, à Venise, la 52e Biennale d'art contemporain et à Lyon, sa 9e édition.
Pour la seconde fois, nous partageons notre voyage avec les membres et amis de l'association, courant juillet à Venise, puis continuons au mois de septembre, octobre et novembre à Lyon.
Alors à 2009 à VENISE...









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